Le 21 juin, la FSU organisait un stage syndical sur le « Choc des savoirs ». Une soixantaine de collègues étaient présents, dont un tiers du 2nd degré (essentiellement des enseignants de collège).

En première partie de matinée, Rachel Schneider, militante au secteur Educatif de la FSU nationale, a présenté les principaux aspects du « Choc des savoirs ». En collège, les aspects les plus visibles en sont les groupes de niveau (rebaptisés groupes de besoin dans l’arrêté du 15 mars 2024) et la transformation du DNB en examen de passage pour les trois voies du lycée. Elle a rappelé que ces mesures avaient été présentées par Gabriel Attal comme le moyen pour les élèves ayant le meilleur niveau de s’envoler, en même temps qu’il assumait la baisse des résultats au bac et au DNB, et donc le renoncement à la démocratisation scolaire.

Dans le 1er degré, le « Choc des savoirs » se décline en plusieurs dispositifs : réécriture des programmes, évaluations standardisées, labellisation des manuels (pour rappel, en France, seul le gouvernement de Vichy a instauré une liste unique d’ouvrages), traitement de la difficulté scolaire par le redoublement et des dispositifs hors la classe. A noter que toutes ces mesures devraient également concerner le 2nd degré, prioritairement en mathématiques et français. Il était aussi intéressant de découvrir comment se met en place, dans le 1er degré, un encadrement des pratiques pédagogiques des professeurs des écoles avec la multiplication de « guides » qui peuvent faire écho désormais au vademecum « pour accompagner les équipes éducatives » dans la mise en place des groupes au collège. Ces guides peuvent avoir un statut ambigü : outil d’aide et de réflexion ou injonction à mettre en œuvre certaines pratiques normées, en contradiction avec la liberté pédagogique de l’enseignant ?

Un autre temps a été consacré à la question des évaluations nationales, conçues comme un outil de pilotage. En effet, issues des pays anglo-saxons, ces évaluations reposent sur 2 principes : l’enseignement en classe doit être basé sur ce que dit la recherche (celle-ci dictant ce qu’il faut enseigner et comment l’enseigner) mais aussi un entraînement intensif sur ce qui n’est pas maîtrisé. Or, une partie de la recherche, très critique elle, montre que les bénéfices de cette démarche pour les élèves n’est pas évidente mais qu’elle diminue aussi l’autonomie professionnelle des enseignants (voir les travaux de Roland Goigoux sur la lecture par exemple).

Cette remise en cause de l’autonomie professionnelle peut également être mise en relation avec la réforme de la formation initiale (avancement des concours au 2e semestre de licence – ce qui ampute la formation disciplinaire – puis formation pendant 2 ans sous un statut à définir et dans un cadre d’un institut de formation qui pourrait ne plus être rattaché à l’université mais dépendre du Rectorat).

Face à ces attaques, dont la cohérence peine parfois à apparaître tant les morceaux du puzzle sont disparates et masquent le projet politique qui est derrière, que faire ?

Au niveau collectif, il faut nous réarmer (le terme est à la mode), renforcer le sentiment que nous sommes légitimes en tant que professionnel, réaffirmer notre capacité à être des concepteurs de nos métiers et non de simples exécutants.

Au niveau individuel, la réforme est porteuse de risques psycho-sociaux : la multiplication des réunions et concertations accentue les exigences en termes de temps de travail ; les évaluations standardisées et manuels labellisés remettent en cause notre autonomie professionnelle ; la mise en place d’une forme de tri des élèves à travers les groupes de niveau est source d’un conflit de valeur pour une profession attachée à la réussite de tous les élèves. Dans ces conditions, la remontée de fiches SST (Santé Sécurité au Travail) sera l’un des moyens d’alerter sur une nouvelle dégradation des conditions de travail.