Ce nouveau type d’établissements regroupera des classes de collège et du premier degré de la même zone de recrutement. Pour ouvrir un EPSF, il suffit que le département ou les communes concernées le demandent, les instances de l’Education nationale ne faisant que donner leur avis.

Les EPSF répondent donc à un souci d’économie budgétaire. L’amendement instaurant la possibilité de création d’EPSF indique : « Ces structures permettront à de très petites écoles (la moitié des 45 000 écoles de France compte moins de 4 classes) d’atteindre une taille critique rendant possible certains projets pédagogiques ainsi que des collaborations entre enseignants de cycles différents ».

L’objectif avéré est de passer de 45 000 écoles à 18 000 établissements (80% des écoles seraient supprimées, ainsi que leur direction ! La création des EPSF se traduira donc par une

réduction du nombre de postes d’enseignements du primaire (les grosses structures permettant, mécaniquement, d’augmenter le nombre de E/P), ainsi que par la suppression de décharge et de primes accordées aux directeurs.

  • Une manière de régler le problème des directions d’écoles ou d’en finir avec les directeurs ?

  • La création des EPSF pourrait apparaître comme une réponse à la demande des directeurs qui souhaitent voir leur fonction mieux reconnue.

    Mais le texte de l’amendement précise : « L’établissement public des savoirs fondamentaux est dirigé par un chef d’établissement qui exerce simultanément les compétences attribuées au directeur d’école par l’article L.

    421-3. Un ou plusieurs chefs d’établissement adjoints, dont un au moins est en charge des classes du premier degré, exercent au côté du chef d’établissement. Ce chef d’établissement adjoint, en charge du premier degré, est issu du premier degré. Les modalités de son recrutement sont fixées par décret».

    Loin de régler le problème des directeurs, il en fait des subalternes des principaux de collège.

    Sylvie Plane, ancienne vice présidente du Conseil Supérieur des Programmes, analyse la situation : « il s’agit donc d’assurer la promotion symbolique de quelques directeurs, pour mieux centraliser les décisions et piloter de façon plus serrée l’école primaire en la soumettant aux objectifs du collège ».

  • Vers la création d’un corps unique d’enseignants ?

     

  • Avec les EPSF, le gouvernement ne cherche-t-il pas à aller vers un corps unique d’enseignants polyvalents ? La création des EPSF ne porte-t-elle pas en germe la fin de la distinction entre les enseignants des 1er et 2nd degrés ?

    Toujours est-il qu’avec les EPSF, le risque de mobilité entre le premier et second degré est grand : remplacement, complément de service dans le même établissement avec proposition d’enseigner dans le « degré » qui ne correspond pas à notre niveau de recrutement. Fiction ? Déjà dans notre académie, un certain nombre d’enseignants de SEGPA (des PE) se sont vu proposer de réaliser une partie de leur service d’enseignement auprès des collégiens au prétexte qu’ils ont des compétences particulières (en langue, notamment) et qu’ils sont polyvalents car venant du primaire.

    Le député LR Patrick Hetzel a d’ailleurs reconnu, lors des discussions du projet de loi à l’Assemblée, que les EPSF constitueront « une source de mutualisation de moyens». Ce qui laisse craindre que, dans ces établissements, les effectifs seront globalisés (qu’ils relèvent du 1er ou du 2nd degré) ; ce qui permettra encore d’économiser des postes.