Communiqué de presse de la FSU Alsace

Au lendemain de la conférence de presse du ministre de l’éducation nationale et à l’occasion de sa venue à Strasbourg, la FSU souhaite réagir à ses annonces et s’exprimer au sujet de la rentrée. Les récentes déclarations du ministre relèvent de l’opération de communication alors que la rentrée s’annonce difficile pour les agents de la fonction publique et les usagers. La FSU vous propose de décrypter les « éléments de langage » du ministre.

« Permettre à tous les élèves de mieux maîtriser les savoirs fondamentaux » ?

Le ministre met en avant les CP et les CE1 à 14 en éducation prioritaire. Cette réforme se fait à moyens constants dans l’académie de Strasbourg (aucune création de poste) alors que le nombre d’élèves augmente. Les conséquences sont la fermeture de nombreuses classes en école rurale et maternelle et des effectifs surchargés de la maternelle au lycée. Dans le second degré, le ministère prévoit la suppression de 2.000 postes au budget 2019. Dans l’enseignement professionnel, la « revalorisation » se traduira par une perte de 120 heures de cours par les élèves par an, une diminution drastique des horaires en mathématiques et en lettres-histoire. La réforme du lycée général entraînera  une diminution des horaires en seconde, avec pour conséquences directes la fin des dédoublements et des heures de travail en groupe (qui se profile-supprimer), la transformation d’enseignements communs en spécialités ou options facultatives. Le ministre affirme vouloir « mieux accompagner » les élèves dans la « conception de leur projet professionnel » tout en supprimant ou en fusionnant des Centres d’Information et d’Orientation. La généralisation de la sélection à l’université (Parcoursup) a laissé sans affectation de nombreux bacheliers quand d’autres n’ont pas obtenu leurs premiers choix.

« Mieux recruter et mieux former les professeurs » ?

Le métier traverse une très grave crise de recrutement, notamment du fait de sa perte d’attractivité en termes de salaires et de conditions de travail. La solution préconisée par le ministre consisterait à prérecruter des contractuels en licence. Ce qui signifierait une évolution vers une fonction publique de contractuels. Comment faire croire que l’on va améliorer l’école en recrutant moins et en ayant recours à des personnels précaires, moins formés et moins rémunérés ? Concernant le salaire des enseignants, le ministre propose une part accrue de rémunération au mérite, et d’abord dans l’éducation prioritaire. Les enseignants seraient payés en fonction des résultats de leur établissement et de l’appréciation du « mérite » (notion bien subjective) par leur hiérarchie. Le ministre est bien  plus discret en ce qui concerne le gel du point d’indice, le jour de carence et la compensation incomplète de la CSG, mesures qui ont conduit à une baisse du pouvoir d’achat des agents de la Fonction publique.

 

« Service public : se réinventer pour mieux servir ? »

L’opération « CAP22 » lancée par le gouvernement sur l’avenir de la Fonction publique se traduit par des annonces ministérielles unilatérales concernant l’éducation nationale et ce en plein été… Un nouvel exemple du peu de cas que le gouvernement fait du dialogue social avec les représentants des personnels. Nombre d’entre elles ont déjà été dévoilées par le Ministre de l’Éducation nationale (réforme territoriale, formation…) et sont déjà prévues à l’agenda social de ce ministère. Par contre, d’autres n’avaient été abordées en aucune manière (profilage des postes, création d’une agence d’évaluation, fusion des académies). Pour prétendre répondre aux enjeux, le gouvernement choisit des projets axés sur l’individualisation des personnels, une gestion plus technocratique du système éducatif donnant de plus en plus de poids au local. Il ne s’agit pas tant de « réinventer » le service public que de transformer l’Etat en entreprise. Les politiques de réduction des dépenses publiques et l’introduction du nouveau management ont conduit à une dégradation du service public (ou à la disparition de certains établissements) et des conditions de travail et de rémunération des agents.

Pour la FSU, le service public n’est pas un coût mais une richesse. Il garantit l’accès à des droits universels (santé, éducation, culture, etc.) sur tout le territoire dans le cadre de missions définies nationalement. La FSU revendique un investissement massif dans les services publics qui passe par des créations d’emplois statutaires. Elle exige la fin du gel du point d’indice, l’abrogation du jour de carence et une revalorisation des salaires. Elle continuera de s’opposer aux réformes qui attaquent les services publics tout en défendant ses propositions pour des services publics de qualité à même de répondre aux défis de la société (éducation, formation, insertion, adaptation au vieillissement de la population).

Strasbourg, le 30 août 2018.