La FSU salue le courage de Gisèle Pelicot (droguée et victime de 92 viols par des hommes inconnus recrutés par son mari pendant 10 ans) d’avoir refusé le huis clos et pris la décision d’un procès public. Son choix permet d’en faire le procès de la soumission chimique, de médiatiser l’ampleur et l’infamie des crimes commis par 51 hommes identifiés mais aussi le silence coupable de tous ceux qui ont eu connaissance des faits.
Ce procès hors norme révèle la culture du viol très prégnante dans la société. Une culture, loin d’être innée, qui se caractérise par un privilège masculin d’appropriation du corps des femmes. Un privilège fruit du langage, des idées, images et stéréotypes qui banalisent les violences sexuelles et permettent une tolérance indigne dans notre société. Un privilège qui se retrouve dans la défense des accusés. L’ensemble des violences sexistes et sexuelles, de l’outrage sexiste au crime sexuel sont liées entre elles par un continuum.
Ce procès révèle l’insuffisance des moyens financiers et humains dédiés à la lutte contre la culture du viol.
En France, viols et tentatives de viols sont en hausse de 6 % sur l’année 2023, près de 94 000 femmes sont victimes et dans neuf cas sur dix, elles connaissent leur agresseur.
Pourtant 70 % des plaintes sont classées sans suite.
Pour combattre l’impunité des agresseurs, les services publics de Police et de Justice doivent être renforcés en personnels formés afin de recueillir la parole des victimes, conduire des enquêtes rigoureuses et à des accompagnements adaptés, envers tous les mis en cause.
C’est une des conditions nécessaires pour que les avancées législatives en matière de violences sexuelles, gagnées par les mobilisations féministes de ces dernières décennies, puissent être pleinement appliquées.
Les services publics hospitaliers doivent eux aussi avoir les moyens de prendre en charge correctement les victimes et obtenir, en particulier les moyens nécessaires pour identifier rapidement les victimes de soumission chimique.
Dans tous les ministères, les cellules de veille doivent être déployées et financées afin que chaque agent·e victime et chaque agent·e témoin de violences sexistes et sexuelles puissent les saisir – et il en va de même pour les victimes de violences conjugales.
Enfin, sur l’aspect prévention, le service public d’Education doit pouvoir jouer un rôle central mais encore faut-il qu’il en ait les moyens ! Des personnels de santé et sociaux doivent être recruté·es en nombre suffisant et les 3 sessions obligatoires d’éducation à la vie sexuelle et affective mis en œuvre à tous les niveaux de la scolarité.
Au-delà des discours politiques, le futur gouvernement doit prendre ses responsabilités !
La FSU, aux côtés des organisations féministes, continuera d’exiger au moins 3 milliards d’euros pour mettre en œuvre un plan global pour éradiquer les violences faites aux femmes dans tous les champs de la société et s’attaquer véritablement à la culture du viol.
La FSU témoigne son soutien plein et entier à Gisèle Pelicot et à toutes les victimes de violences sexuelles. La FSU participera aux mobilisations de soutien aux victimes car la honte et la peur doivent changer de camp.