C’est avec consternation que les infirmier·ères ont accueilli les propos de la Ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales. En effet mi-décembre 2020, dans une interview donnée au journal « les Echos », Mme Gourault annonce la décentralisation de la santé en milieu scolaire : de l’Éducation nationale vers les collectivités territoriales, sans dialogue social ni concertation ; dans le cadre du projet de loi 4D.

Propos qu’elle réaffirme le 19-01-21 lorsque le SNICS – FSU a eu audience auprès de Mme Gourault, elle explique 2 scenarii :

  • décentralisation des médecins et infirmier·ères ou des médecins seuls

L’arbitrage de Matignon (M. Castex) s’oriente vers la décentralisation des infirmier·ères et des médecins afin d’améliorer le taux de réalisation des visites médicales de 0 à 16 ans.

Le modèle retenu est celui de la PMI, le dépistage infirmier deviendrait une partie de la visite médicale. Il en est terminé de la  consultation infirmière au service de la réussite scolaire et de l’égalité d’accès pour les élèves ; Ce projet enterre le concept de santé à l’Ecole et avec lui  la reconnaissance de la spécialité d’infirmière scolaire.

La Ministre justifie ce projet en s’appuyant sur les compétences des collectivités territoriales en matière de santé (de la PMI) et adhère à l’objectif de guichet unique en matière de santé en direction des jeunes.

Ce projet de Loi 4D visant à renforcer le service de la PMI en prise depuis de nombreuses années à des difficultés structurelles (moyens, recrutement, disparités territoriales) augmentera justement ces disparités territoriales relative à la prise en charge des élèves et affaiblira le lien entre la promotion de la santé, les actions éducatives, les enseignants et l’ensemble de la communauté scolaire.

Ce transfert de compétence ne permettra pas d’accroître la performance de la santé scolaire grâce à un pilotage départemental et nuirait gravement à l’objectif ambitieux de la réussite scolaire de tous les élèves.

Si la performance de la santé en milieu scolaire se focalise uniquement sur le taux de réalisation des visites médicales de la 6è année, cette approche réductrice et purement statistique néglige l’étendue du champ de la politique éducative sociale et de santé de l’éducation nationale de la maternelle à l’université.

Cette vision médico-centrée basée sur les visites médicales, va à l’encontre des politiques menées depuis plus de 40 ans qui n’ont eu de cesse de renforcer et réaffirmer l’importance de la responsabilité du ministère EN et matière de promotion de la santé et par la même l’adhésion et la participation de l’ensemble de la communauté éducative.

Ce projet de loi ne rencontre pas l’adhésion des IDE-EN qui sont attaché·es au cadre ministériel et au caractère national de la santé à l’école, car il donne une assurance d’une égalité territoriales et surtout répondent au besoins des élèves traduits par 18 millions de consultations infirmières chaque année à la demande des jeunes.

Et il ne s’agit là que du chiffre des passages spontanés des élèves/étudiants dans les infirmeries, car à celui ci s’ajoute toutes les autres missions des IDE EN (BO n°42 du 12.11.2015).

Rappelons que ce projet de décentralisation des infirmier·ères EN vers les collectivités territoriales, tend à faire renaître de ces cendres un « service de santé scolaire » tel qu’il a existé de la fin de la 2ème guerre mondiale jusqu’au milieu des années 1980 ; ce service avait été jugé « inefficace, obsolète et inadapté aux besoins des élèves » par la représentation nationale. A la suite de cette redoutable évaluation il avait été dissout.

La promotion de santé en faveur des élèves sous la gouvernance de l’éducation nationale a été créée.

Le SNICS – FSU, syndicat majoritaire des IDE-EN, s’oppose à la décentralisation des infirmier·ères. Nous sommes opposés à sacrifier les besoins des élèves / étudiants sur l’autel des finances.

Nous avons manifesté auprès de la FSU le 26/01/21 à Paris, nous rencontrons actuellement les députés et les président·es des collectivités territoriales afin de présenter notre position face à la loi 4D.

Une pétition est en ligne pour nous soutenir dans notre action :

https://www.mesopinions.com/petition/sante/touche-in1firmiere-education-nationale/12036

pour en savoir plus, cliquer ici : http://www.snics.org/home/decentralisation

le 17,02,2021, à Strasbourg

Sandy GRANDHAIE, secrétaire académique du SNICS – FSU Alsace

@: snics.strasbourg@gmail.com