Mercredi 6 mars, l’intersyndicale, SNES-FSU, CGT, SUD, FO, associée à la FCPE, a organisé une réunion d’information publique sur la réforme du lycée qui a réuni plus d’une centaine de personnes alors qu’un nombre croissant d’établissements de l’académie se mobilisent contre cette réforme (AG et grèves). La grève du 19 mars et les manifestations du 30 mars doivent permettre d’amplifier ce mouvement afin de contraindre le gouvernement à renoncer à une réforme dangereuse pour les élèves et les collègues.

Depuis le 1er septembre de cette année, le lycée vit une situation ubuesque. En effet, les élèves entrant en classe de seconde sont officiellement dans le nouveau lycée Blanquer et devront choisir filières et spécialités conformément aux textes régissant le lycée réformé. Pourtant, sur le terrain, ces élèves suivent les mêmes grilles horaires et les mêmes programmes que par le passé : le vieux lycée en quelque sorte ! Le choix des élèves et le travail des collègues sont donc impossibles…

La « cohérence » de cette réforme se poursuivrait en première dès l’an prochain. Dans son esprit, elle doit favoriser la liberté de choix des élèves et des parcours de formation moins stéréotypés pour le baccalauréat général au moins. Là encore, le choix risque de se transformer en contrainte. Au delà d’un tronc commun sans mathématiques (attention aux poursuites d’études…), les élèves auraient  la possibilité de suivre trois enseignements de spécialités (parmi neuf possibles) à raison de quatre heures hebdomadaire. Plus de liberté en somme. Pourtant cette affirmation semble un peu rapide à la lumière des contraintes qui vont peser sur l’organisation des établissements.

Ces contraintes sont multiples et toujours matérielles. D’abord pour proposer du choix, il faut disposer de marges de manœuvre horaires. Or les circulaires parues durant l’été ne prévoient pour l’instant que le financement du tronc commun et de 12h de spécialités par division. Qui peut croire que le choix des élèves aboutira naturellement à des groupes équilibrés entre toutes les spécialités et en multiple de 35 ??? La richesse des propositions serait donc à « financer » sur les huit heures de marge… Mais ces dernières doivent déjà permettre l’ensemble des dédoublements (AP, TD,  groupe de langue, EPS et toutes les options…). Cela n’est tout simplement pas possible, et dans plusieurs académies, on parle déjà de triplettes imposées ; ce qui revient à recréer les filières… Au passage, nous aurions néanmoins perdu en qualité d’enseignement, à la fois sur le fond (moins d’heures pour la plupart des matières) et sur la forme (moins de dédoublement).

D’autres dommages « collatéraux », peut-être pas tant que cela, deviennent évidents. Les dotations horaires des lycées étant nettement entamées, le nombre de postes dans chaque lycée devra diminuer, autant d’économies pour le ministère et une réponse perfide à la crise des vocations.

Les collègues enseignant les options (Latin, Grecs, LV3…) peuvent également se faire un peu de souci. Comment croire en la pérennité de leurs groupes quand le financement horaire des lycées est déjà tellement contraint ? Ceci sans compter les contraintes d’emploi du temps induites par les différents choix de spécialité théoriquement proposés.

Quant aux épreuves du Baccalauréat (première promotion en 2021), elles s’annoncent elles aussi comme un alourdissement de la charge de travail pour les collègues et une entrave à leur liberté pédagogique. Les différentes épreuves semestrielles rythmeront nos progressions pédagogiques. De plus, leur organisation va sans aucun doute se révéler comme une source de « cheveux blancs ». Qui alimente les banques de sujets locales ? Comment corriger en faisant cours ? Comment imaginer des épreuves réellement anonymes avec une correction en interne ? Encore une fois, on nous promet des moments ubuesques…

A cette date, les établissements alsaciens ont déjà connaissance de leur DHG, cette information confirme, malheureusement, les analyse du SNES. A l’échelle des moyens, c’est l’équivalent de deux établissements qui fermeraient ; à l’échelle des postes, la rentrée prochaine se fera avec 73 emplois en moins dans le second degré…

Du fait de l’ensemble de ces incohérences et conséquences délétères, le SNES-FSU condamne cette réforme, qu’il juge uniquement comptable, destinée à faire des économies sur le dos des enseignants et des élèves. L’enseignement privé, lui, disposant toujours de marges de manœuvre plus grande devrait y trouver son compte…

  • Les rendez-vous pour le  19 mars:

  • Strasbourg : Rassemblement à 12h devant le rectorat puis RDV à 14h, place Kléber

  • Mulhouse : 14 h place de la Bourse.