Ainsi, le président du COR estime que sont trop souvent mises en avant la modération de la progression des pensions nettes de prélèvements, la hausse des contributions retraites des salariés et la hausse des contributions retraites des employeurs. Pour lui, l’effet récessif de ces trois voies correspond à un appauvrissement du pays (moindre PIB par habitant) avec pour conséquence : un renforcement des difficultés à financer les dépenses publiques autres que les retraites, à l’instar de l’école, la santé, la sécurité… La seule solution pour Gilbert Cette est donc le recul de l’âge de départ à la retraite qui permet un accroissement des taux d’emploi.
En 2024, les dépenses brutes du système de retraite s’élèvent à 406,9 milliards d’euros, soit 13,9 % du PIB,
Le président du COR trouve important de mentionner que de 2002 à 2019, les dépenses de retraite ont
constitué une part de plus en plus importante de l’ensemble de dépenses publiques, passant de 21,8 % à 24,7 %. Il estime que « Ces sommes élevées sont autant de ressources publiques qui sont mobilisées pour le paiement des retraites alors qu’elles pourraient être utilisées pour financer d’autres dépenses publiques»
Pour la FSU, la question des retraites continue d’opposer deux points de vue : celui de pouvoir vivre dignement et
paisiblement de sa retraite et celui de la pérennité financière dans une optique de réduction de la dette publique. Dans ce premier cadre, la FSU a toujours explicitement pointé la question de la logique du système de retraite et toujours défendu la perspective d’un système « à prestations définies », qui doit donc partir de la garantie des droits des retraités (« le taux de remplacement »), pour fixer le niveau de prélèvement.
Toutes les réformes ont eu pour objectif de réduire la part des dépenses de retraite dans le PIB. Elles ont consisté à reculer l’âge effectif de départ à la retraite en augmentant la durée d’assurance pour le taux plein (réformes de
1993, 2003, 2014 et 2023)) avec le report de 2 ans à chaque fois, l’âge d’ouverture des droits (réformes de 2010 et 2023) tout en diminuant sensiblement la pension moyenne relative au revenu moyen d’activité (indexation des pensions et des droits dans les régimes de base sur les prix et non plus sur les salaires et baisse des rendements instantanés dans les régimes complémentaires).
Déficit caché : stigmatisation des fonctionnaires :
Jeudi 12 juin, lors de la présentation du rapport annuel alors que les dépenses de retraite ne déraperont pas et que le système est tout juste déficitaire en 2024 de 1,7 Mds€ soit 0,1 % du PIB, le président du COR a tenté de laisse encore une fois de mentionner un éventuel déficit de 42 Mds€ imputable aux fonctionnaires, montant grossier ne reposant sur aucun élément alors que ces pensions relèvent bien du budget de l’État comme l’attestent les lois de finances votées tous les ans au Parlement.
Bien évidemment avec ce président, il n’est pas question d’évoquer le fait que la Cour des comptes mentionne que l’augmentation du point d’indice de 3,5 % juillet 2022 a permis d’accroître le volume de l’assiette des contributions de l’ensemble des fonctionnaires. La revalorisation a ainsi eu pour effet d’augmenter de 955,2 M€ soit près d’un milliard, les recettes du Compte d’affectation spéciale Pensions (CAS) en 2022. C’est aussi le cas dans une moindre mesure certes concernant l’augmentation de 1,5 % en juillet 2023 et de l’attribution de 5 points d’indice à tous les
fonctionnaires. C’est loin d’être négligeable lorsqu’on ne cesse de pointer à tout-va des déficits imaginaires.
Chute du rapport des pensions des retraités sur la rémunération des actifs
Ce n’est pas par ce qu’il n’y aura en 2070 moins de cotisant actif (1,4) pour 1 retraité que problème il y a car, malheureusement, la pension la pension moyenne de l’ensemble des retraités, relative au revenu d’activité moyen (en % du revenu d’activité moyen brut) chute considérablement jusqu’en 2070. C’est ce qui explique que les dépenses de retraite dans le PIB diminue. Les retraités auront donc un niveau de vie relatif moindre par rapport aux actifs.
On trouve bien dans le rapport l’amorce d’une nouvelle phase de paupérisation des retraités. Alors qu’en 2018, le
niveau de vie moyen des retraités était légèrement supérieur (de l’ordre de 2,9 %) à celui de
l’ensemble de la population, il est désormais inférieur de 3 %. Les pensions une fois calculées au moment du départ à la retrait suivent uniquement les prix et non les gains de pouvoir d’achat des salaires ce qui induit une baisse relative des pensions d’autant plus forte que la hausse des salaires est conséquente. Ainsi l’objectif d’équilibre se fait par la paupérisation des retraités.
Autre fait notable : les écarts de pension entre les femmes et les hommes sont plus importants dans le secteur privé.
Ainsi, le rapport entre la pension moyenne des femmes et celle des hommes, sur le champ des monopensionnés à carrière complète, est en 2023 de 87 % pour les fonctionnaires civils d’État contre 70 % pour les salariés relevant du régime général et 69 % pour les non-salariés.
Oser prétendre qu’il suffira de travailler plus longtemps pour maintenir le niveau des pensions quand l’âge d’entrée dans la vie active recule et considérer que le durcissement des conditions d’accès à la retraite serait la solution aux difficultés d’emploi des séniors relèvent assurément du mensonge.
La réponse est bien d’augmenter significativement les ressources donc les cotisations dans une dynamique d’amélioration des droits. Et a fortiori cela doit commencer par l’abrogation de la réforme de 2023.