Le système de retraite actuel permet une forte solidarité intergénérationnelle, les salarié·es en activité cotisant pour financer les pensions des retraité·es, ainsi qu’une lisibilité importante du montant futur de sa pension.

Il est cependant mis à l’épreuve de tentations individualistes avec le développement d’assurances par capitalisation et soumis fréquemment à des réformes qui le complexifient et surtout creusent de fortes inégalités. La dernière annoncée, reculer l’âge de départ, ne réduirait aucunement ces inégalités mais au contraire les décuplerait pour toute une partie du monde du travail.

Pas de différence public-privé

Contrairement à une antienne libérale assez répandue, ces inégalités ne sont aucunement dues aux différences entre le régime des salarié·es du privé et celui du public. Certes, les règles diffèrent, notamment sur la durée du salaire de référence prise en compte pour le calcul de la pension –les 6 derniers mois dans la Fonction publique et les 25 meilleures années dans le privé–, mais les taux de remplacement sont équivalents. Cette proportion de la première pension perçue par rapport au dernier salaire est ainsi de 73,8 % dans la Fonction publique contre 74,8 % dans le secteur privé. De leur côté, les 40 autres régimes de retraites existants, concernant seulement 8 % des retraité·es, n’engendrent pas davantage d’inégalités. Les fortes inégalités constatées aujourd’hui à la retraite sont tout autres.

Femmes et polypensionné·es

Elles touchent en premier lieu les femmes qui perçoivent une pension de 32 % inférieure à celle des hommes, un écart réduit à 14,3 % au sein de la Fonction publique. En effet, les inégalités durant la vie active sont reproduites et amplifiées à la retraite notamment les différences de salaires, les femmes étant rémunérées 16,1 % de moins à temps de travail équivalent. Porter l’âge de départ à 64 ou 65 ans conduirait à minorer très fortement les maigres compensations actuelles par le biais des bonifications de trimestre liées aux enfants et donc à accroître les inégalités entre les femmes et les hommes.

Ensuite, elles concernent les polypensionné·es, qui perçoivent une pension pour chacun de leurs régimes de retraite successifs. Ces sommes cumulées n’équivalent pas à une pension complète, le système de calcul favorisant une carrière ascendante dans un seul régime. Le projet de réforme n’engendrerait aucune amélioration pour ces personnes qui représentent près du tiers des départs en retraite.

Inégalités selon la classe sociale

Enfin, l’espérance de vie à la retraite dépend étroitement de la classe sociale. Les 20 % d’hommes de 43 à 58 ans les plus pauvres ont ainsi une durée espérée en retraite de 15 ans contre 22 ans pour les 20 % les plus riches. Sans compter que seule une partie de ces années de retraite pourra être vécue en bonne santé, l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans est ainsi de 10,6 ans pour les hommes et 12 pour les femmes. Et ces chiffres ne sont que des moyennes ne tenant pas compte des catégories sociales et des inégalités d’usure liées au travail. Sans aucunement résorber ces inégalités, reculer l’âge de départ réduirait d’autant cette durée espérée, voire davantage, la retraite protégeant d’une dégradation de la santé.

 

Tous en grève pour le retrait du projet de réforme des retraites de Macron, jeudi 19 janvier 2023!

Manifestation à Strasbourg, à 14h00, départ place de l’Etoile !