L’annonce du dépôt d’une proposition de loi relative à la création d’un ordre national des psychologues a soulevé une vague d’indignation de la part de la très grande majorité des psychologues praticiens et enseignants- chercheurs en psychologie.
De très nombreux communiqués de presse ont été publiés, mettant en cause cette initiative qui ne s’appuie sur aucune consultation avec les organisations représentatives de la profession et est davantage motivée par une volonté de contrôle des psychologues par le corps médical que par un réel souci de la déontologie.
Le CERédépsy qui regroupe 21 organisations de psychologues et travaille actuellement sur l’actualisation du code, a publié un communiqué de presse soutenu par le CNU (Conseil National des Universités section psychologie).
Cette proposition est la traduction d’une offensive idéologique menée depuis plusieurs mois contre la pluralité des approches en psychologie, la liberté de choix des pratiques et la formation.
Le rapport de l’IGAS du 6 février 2020 sur « la prise en charge coordonné des troubles psychiques » en a été la première attaque en préconisant de subordonner le remboursement des actes des psychologues cliniciens à l’acceptation d’une inscription dans le parcours de soin coordonné et de certains protocoles validés par la HAS, niant ainsi l’existence du titre unique et marquant une volonté d’encadrement des pratiques contraires à l’autonomie et l’indépendance des psychologues.
Elle s’est concrétisée récemment par la publication d’un arrête relatif à la définition de l’expertise spécifique des psychologues mentionnée à l’article R. 2135-2 du code de la santé publique.
Cet arrêté du 10 mars 2021 met en cause le titre unique de psychologue et vise à imposer l’emploi de certains protocoles d’intervention auprès des enfants et des parents.
En effet, le psychologue qui demanderait à être conventionné et agrée par la plateforme d’offre de soins coordonnés pour les troubles neuro développementaux devrait faire la preuve qu’il a acquis des compétences supplémentaires sur les troubles neuro développementaux et s’engager à appliquer certaines méthodes dont la liste, publiée en annexe est très orientée et exclusive d’approches cliniques.
Les conséquences pour les PSYEN
Au premier abord, ces textes concernent surtout l’exercice libéral et le remboursement des soins. Mais il faut le relier à la volonté persistante d’un lobby parlementaire qui a obtenu récemment l’adoption à l’Assemblée nationale d’un article (1 bis A) dans la loi pour l’amélioration du système de santé, modifiant le code de l’Education en assimilant les PsyEN à des personnels de santé et les mentionnant dans le code de la santé publique. Cette modification du code de l’Education, si elle est confirmée au Sénat, rendraient les PsyEN mobilisables pour des interventions, demandées par la HAS dont celles portant sur le diagnostic voire les interventions pour les Plateformes de coordination et d’orientation (PCO) destinées aux troubles neuro-développementaux (TND).
Dans ce contexte, la création d’un ordre pour les psychologues permettrait d’imposer « les bonnes pratiques » définies par l’ordre, de supprimer toute la pluralité des approches théoriques et méthodologiques dans la formation et la pratique des psychologues et de constituer un interlocuteur unique des pouvoirs publics, porte- voix d’une conception hégémonique en psychologie.
Le SNES-FSU et le SNUipp-FSU appellent tous les PsyEN à saisir leurs élus pour leur demander le retrait de cette proposition de loi et de l’article 1 bis A du projet de loi « améliorer le système de santé par la confiance et la simplification ». Avec l’ensemble des psychologues de la FSU, ils s’associeront aux actions visant à préserver la pluralité des approches en psychologie, le titre unique et le respect des missions des PsyEN.