Lors de la grève du 5 octobre, le SNUipp-FSU67 a rencontré le député François Ruffin qui a réalisé un film sur le travail des femmes précaires. Nous avons pu échanger avec lui sur vos conditions de travail et lui avons envoyé le bilan de cette enquête.

Enquête du SNUipp-FSU67 et du SNES-FSU
AESH et Conditions de travail

 

Entre la précarisation de l’emploi, les mauvaises conditions de travail, la généralisation des PIAL dans notre département, les AESH doivent pouvoir faire entendre leur mécontentement.
Le SNUipp-FSU 67 souhaite établir un état des lieux des conditions de travail des personnels « invisibles » et précaires que sont les accompagnants des élèves en situation de handicap.
Notre enquête syndicale a pour objectif de recueillir des données de terrain afin de pouvoir alerter l’employeur sur les conditions de travail dégradées que rencontrent les AESH dans l’exercice de leurs fonctions et de faire des préconisations pour que l’employeur y remédie.
Pour nous permettre d’intervenir à tous les niveaux de la hiérarchie, lors d’audiences et au CHSCT (comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail), nous vous remercions de prendre le temps de répondre à cette enquête en ligne.

Bilan et analyse de l’enquête

  • Profil des AESH qui ont répondu au questionnaire

89 % de femmes

58% ont des enfants à charge.

Pour 77% des AESH, ce métier constitue leur revenu principal et 97% des personnes déclarent qu’elles ne peuvent pas vivre décemment.

  • Parcours professionnel

75% ont des contrats CDD

25% ont des contrats CDI

A leur prise de fonction, 36% des AESH n’ont pas été clairement informé·es de leurs missions lors de leur recrutement. Et pour 76% des AESH, ils·elles n’ont pas été informé·es du handicap des élèves qu’ils·elles allaient accompagner.

41% des AESH n’ont pas eu d’information concernant le fonctionnement du PIAL et 56% ne connaissent pas le nom du coordonnateur PIAL.

Analyse de la FSU :

Le PIAL : un outil de gestion.

Personne n’est dupe : le PIAL est avant tout un outil pour endiguer l’augmentation du nombre d’AESH en rationalisant la gestion de ces agents par la mutualisation à outrance. Et nous ne pouvons que dénoncer la possibilité de faire évoluer les modalités d’accompagnement, sans même en informer au préalable les parents.

Le PIAL n’est pas au service des élèves.

Faute de moyens (de places insuffisantes en établissements spécialisés, nombre d’AESH, effectifs dans les classes d’ULIS…), l’inclusion est mise à mal. La multiplication des accompagnements mutualisés associés à la gestion du manque de moyen par le PIAL a pour conséquence directe la perte de temps d’accompagnement pour certains élèves pour répondre à l’urgence d’accompagnement notifié mais non effectif. Le PIAL aboutit à une mise en concurrence des élèves en situation de handicap. Et il n’améliore pas le métier d’AESH. Sur le terrain, ils•elles voient leurs emplois du temps modifiables en cours d’année, tout comme le contenu de leur contrat (quotité, lieu d’exercice) par simple avenant. La « souplesse » introduite dans leur service nuit en profondeur à la cohérence et au sens du métier : rationalisation de leur temps de travail avec de multiples accompagnements souvent avec des handicaps différents, déplacements d’une école à l’autre …

Conséquences : changement d’accompagnant.e pour certains élèves, changement d’élèves et d’école au pied levé pour les AESH et nouveau travail pour les équipes enseignantes. Sur le terrain, tout le monde est perdant !

  • Contrat, durée et temps de service

76% des AESH n’ont pas eu le choix par rapport à leur quotité de travail. Un contrat de 24h par semaine leur est systématiquement proposé.

Tous sont à l’indice plancher de rémunération.

  • Accompagnement des élèves

La généralisation des PIAL met en lumière l’augmentation du nombre d’élèves à accompagner. 20% des AESH ont eu un accompagnement supplémentaire depuis la rentrée. C’est un chiffre qui risque de continuer à croître au vu des remontées depuis la rentrée de la multiplication exponentielle des élèves par AESH. Si cela reste marginal, plusieurs collègues ont indiqué accompagner 5 élèves.

36% des AESH exécutent des tâches qui ne relèvent pas de leurs missions : dix minutes d’accueil, surveillance, tâches administratives…

Analyse de la FSU :

Il ne suffit pas de l’écrire dans une circulaire pour que les AESH soient considéré·es d’un coup comme « membre à part entière de la communauté éducative ». D’ailleurs, seul·es 45% des accompagnant·es qui ont répondu à l’enquête disent se sentir faire pleinement partie des équipes éducatives. Les conditions d’exploitation salariale (salaire, temps de travail) ne font que renforcer ce sentiment.

  • Relation avec l’administration

52% des AESH ne se sentent pas reconnu·e·s par le service qui gère leur affectation. Pas de respect des fiches de vœux.

55% des AESH ont des problèmes vis-à-vis de leur affectation. Et pour 45%, les contraintes personnelles n’ont pas été prises en compte par l’administration.

  • Perspectives

92% des AESH interrogés veulent continuer leur mission.

50% des AESH veulent une quotité de travail plus élevée.

Pour la plupart, une activité complémentaire n’est pas possible : le travail d’AESH est fatiguant, les horaires ne permettent pas de cumuler un second emploi et les formations le mercredi sont aussi frein.

  • Témoignages

« On travaille pour les enfants en difficulté pour qu’ils progressent, pour soulager les maîtresses et pour aider les parents ! Notre salaire n’est pas suffisant ! »

« Dégradation des conditions de travail à cause de la mise en place des PIAL, impression de n’être que des pions. Moins de possibilité de faire un accompagnement de qualité et vraiment profitable à l’élève. Pas de reconnaissance au niveau du salaire malgré la complexité de notre tâche et des ressources que nous mettons en œuvre. Nous travaillons pour la plupart à mi-temps et pourtant l’amplitude des plages horaires sur lesquelles nous sommes censées être « disponibles » pour l’institution vont du lundi au samedi, ce qui rend difficile, voire impossible de s’engager éventuellement dans un emploi à côté pour compléter ses revenus d’AESH. Enfin il me parait aberrant que le CDI ne nous empêche pas de voir notre quotité horaire ramenée à la baisse d’une année sur l’autre et ne représente en rien une garantie d’emploi. »

« Etre plus reconnue au sein de l’école et payée pour ce que l’on fait. »

« Le fait de ne pas recevoir la prime REP alors que je travaille dans un établissement d’éducation prioritaire depuis plusieurs années et que nous les AESH nous subissons également les conséquences de ce type de public, cela ne valorise pas notre position et nos conditions de travail dans ce type d’établissement. Une demande avait été faite de ma part auprès de la rectrice mais laissée sans suite (aucune réponse à ce jour). Le fait de ne pas pouvoir augmenter ses heures de travail. On peut en faire la demande sur la fiche de vœux cependant comme rien n’est sûr on ne peut pas prendre le risque d’abandonner son travail complémentaire du coup personnellement je ne fais jamais la demande car l’augmentation éventuelle d’un temps de travail n’est pas forcément acquise. »

« J’aime mon travail mais malheureusement mon salaire ne me permet pas de vivre aisément. »

« De manière générale, les AESH ne sont pas suffisamment reconnues ; je parle bien sûr de respect et d’un salaire qui leur permette de vivre et non de survivre. Personnellement j’ai du mal à joindre les deux bouts et j’ai souvent envie de tout lâcher. Mais les jeunes en situation de handicap ont réellement besoin de nous. »