La réforme de la Police Nationale entreprise par le Ministre de l’Intérieur est une grave remise en cause des métiers de la police et présente des dangers pour la sécurité des Français.

Nous mesurons combien les missions de la Police Judiciaire sont essentielles : de la résolution des affaires criminelles les plus complexes à la lutte contre la criminalité organisée, la lutte contre le terrorisme et contre le blanchiment d’argent, ces procédures risquent de passer au second plan alors que l’on connaît le danger potentiel que cela représente pour la France et ses citoyennes et citoyens.

Et au-delà de la PJ, ce sont tous les services (Police Aux Frontières, renseignements…)  qui risquent  d’être utilisés très régulièrement pour lutter contre les points de deal, contre les rodéos urbains, etc, au détriment de leurs missions originelles.

La départementalisation va entraîner mutualisation des services et des moyens matériels et humains, avec son cortège de désorganisations, souffrances au travail et donc de pertes d’efficacité à court et moyen termes.

Par ailleurs, avec 10 000 agent-es de plus à recruter et une présence accrue des effectifs de police sur la voie publique annoncée, le risque est grand de voir les permanences locales des commissariats débordées et de devoir convoquer en renfort les effectifs de la Police Judiciaire pour les suppléer, au profit d’une politique du chiffre à visée médiatique et au détriment des enquêtes approfondies au long cours.

La remise en cause de l’indépendance des pouvoirs :

Le placement de tous les services de police sous la tutelle du Préfet, personnalité éminemment politique, pose la question de l’indépendance des pouvoirs : alors que jusqu’à présent, seul le Procureur de la République disposait de l’opportunité des poursuites en matière judiciaire, le risque est grand de voir des affaires sensibles être écartées des priorités de la PJ pour être réorientées vers des missions plus banales et moins délicates pour le pouvoir en place quand elles concerneront des élu-es ou des personnalités du monde des affaires.

Sous prétexte de déconcentration des services et de recherche de plus de transversalité, toutes les questions de sécurité seront concentrées dans les mains d’une seule et même personne inféodée au pouvoir politique !

Un déni de démocratie !

La mise en place de cette réforme va impacter toute l’organisation de la Police Nationale et entraînera forcément des conséquences sur la sécurité des Français.

Cette réforme est d’ailleurs menée dans la plus grande opacité, par des décrets et des notes de service internes, sans aucune consultation du Parlement.

Elle rencontre une opposition croissante des personnels, de plus en plus visible publiquement, faute de prise en compte en interne. La FSU dénonce le limogeage arbitraire du directeur de la Police judiciaire du Sud suite à une manifestation du mécontentement des agent-es lors de la visite du Directeur général de la Police nationale.

Face aux difficultés rencontrées dans la mise en place de cette réforme qui est menée “à marche forcée” malgré les réticences des chefs de service de la Police Judiciaire et de magistrat-es, il est encore temps pour le gouvernement d’annuler ces réformes.

Les organisations syndicales dont la FSU ont des propositions pour une police du quotidien au service des citoyen-nes et une Police Judiciaire, experte en son domaine, au service de la Justice, le tout dans le respect des personnels qui se dévouent au quotidien pour protéger les personnes et les biens.